Indignés par la décision de la Direction Générale de la Santé de prolonger l’expérimentation du cannabis médical, les associations de patients décident de condamner la décision qui a été prise. Ils réclament une mise à disposition dès mars 2023 de médicaments à base de cannabis issus de filières de production règlementées et conditionnés à une primo-prescription hospitalière et soumis à remboursement.
La décision ferme de la Direction Générale de la Santé
La Direction Générale de la Santé a décidé de faire cavalier seul en ce qui concerne l’expérimentation du Cannabis Médical. En effet, elle a décidé de ne pas attendre le bilan de l’expérimentation thérapeutique qui devait être remis au Parlement pour prendre une décision à ce sujet. C’est donc sans concerter qui que ce soit qu’elle a pris la décision de prolonger d’une année l’expérimentation du cannabis médical. Elle a tout d’abord tenu au courant les industriels et les médecins vendredi dernier. Elle s’est ensuite adressée aux associations de patients ce matin. Cependant, elle a tenu à justifier sa prise de décision de façon claire.
Voici les arguments qu’elle a énoncés :
- Le manque de personnel : le nombre de médecins libéraux qui ont participé à l’expérimentation du cannabis thérapeutique s’élève seulement à 200.
- Pas assez de données économiques : il y a eu peu d’études faites concernant les gains sur les traitements habituels auxquels les symptômes sont réfractaires.
- Un trop fort rapprochement avec L’Union Européenne : le parlement a beaucoup trop décidé de prendre des décisions similaires à celle des membres de l’Union Européenne après chaque discussion avec celle-ci.
Des associations de patients mises à l’écart
Les associations de patients condamnent la décision prise par la Direction Générale de la Santé, car elles estiment qu’il aurait été normal qu’elles soient consultées en même temps que les industriels, autrement dit le jour où l’annonce a été faite. Elle déplore non seulement de ne pas avoir été informées par les émetteurs du message, mais également de l’avoir appris uniquement grâce à un communiqué des représentants de la filière agro-industrielle, ce qui équivaut pour ces associations à un manque de considération. Elles expriment leur désaccord total avec les raisons évoquées par les industriels lors de leur approbation de la décision qui a été prise.
Elles précisent les points qui les ont le plus marqués :
- La politique sanitaire bafouée : ils ont fait un lien entre l’imprégnation de la filière agro-industrielle française et le risque de prise de positions d’acteurs étrangères sur le marché pour démontrer qu’ils influent sur la politique sanitaire à mettre en place.
- Le non-respect de l’éthique de santé publique : ils pensent aux intérêts économiques plutôt que de se concentrer sur l’amélioration de la santé et de la qualité de vie des malades avec des symptômes chroniques et invalidants.
Ils souhaitent donc que des médicaments à base de cannabis issus de filières règlementées et conditionnés à une primo-prescription hospitalières et soumis à remboursement soient disponibles à la vente en grande quantité à partir de Mars 2023.
Une décision particulièrement floue
Des personnalités s’interrogent concernant la date de report de l’expérimentation du Cannabis médical. C’est notamment le cas de Mado Gilanton, Présidente APAISER S&C et représentante des patients au comité scientifique temporaire Cannabis thérapeutique de l’agence nationale de sécurité du médicament. En effet, elle ne pense pas que reporter l’expérimentation du cannabis médical apportera plus de résultat si on la repousse d’une année supplémentaire. C’est pourquoi, elle demande à ce qu’une meilleure communication concernant les produits médicaux à base de cannabis en vente sur le marché soit faite, mais également qu’ils soient mis à disposition. Dans le cas contraire, elle estime que la légalisation totale n’aura jamais lieu.
Par ailleurs, il reste encore des zones d’ombres au sujet du statut pharmaceutique que pourrait potentiellement avoir le cannabis médical ainsi que la prise en charge ou non de l’achat de cannabis médical par des consommateurs. De plus, le budget lié au report de l’expérimentation n’est actuellement pas connu de tous. Le nombre de patients qui devaient faire l’expérimentation n’a pas non plus été atteint, car le chiffre ne s’élève pas encore à 3 000 patients. Cela veut dire que si ce n’est pas le cas rapidement, le cannabis pourrait s’en doute se vendre gratuitement. De plus, il a été évoqué vaguement un allègement du dispositif sans plus de précisions.
Un bilan de l’expérimentation du cannabis thérapeutique méconnu de tous
La DGS a annoncé qu’elle ne remettra pas le bilan de l’expérimentation du cannabis thérapeutique à ce jour comme il était indiqué dans le décret de 2020 au Parlement. Elle informe donc qu’il sera communiqué aux députés avant que le PFLSS 2023 ne débute. Cela ne permettra pas aux députés de pouvoir préparer assez longtemps en avance alors que le travail parlementaire à fournir s’avère particulièrement chargé. C’est pourquoi, les associations de patients désirent échanger avec les députés à ce sujet au cours d’une réunion d’information avant cette date.