Culture du chanvre : zoom sur le nouvel arrêté du 30 décembre

Alors que la France est le premier pays producteur européen de chanvre industriel, avec plus de 18 000 hectares de récoltes au compteur, le gouvernement semble freiner des quatre fers. Le nouvel arrêté du 30 décembre porte sur l’autorisation de la culture des fleurs et feuilles de chanvre, mais présente de nombreuses restrictions. Un nouveau coup dur pour tous les acteurs de chanvre qui comptent sur le développement de la filière pour faire face au marché européen et anglais.

Une culture du chanvre en pleine expansion

Alors que tous les yeux étaient à nouveau rivés sur le gouvernement et les décisions concernant la culture du chanvre, le nouvel arrêté du 30 décembre provoque une fois de plus la déception de la filière. Avec plus de 18 000 hectares de récoltes, la France est le premier producteur européen de chanvre industriel. Les acteurs de ce marché en pleine expansion sont nombreux et attendent du gouvernement des réponses franches et cohérentes avec le mouvement mondial entourant l’exploitation de la plante. La culture du chanvre gagne même nos jardins, certains Français se servant de la graine autofloraison pour pouvoir faire leurs premiers pas dans le milieu agricole et accélérer les récoltes. Toutes les variétés de chanvre ne sont pas autorisées sur le sol français, elles doivent désormais présenter un taux inférieur ou égal à 0,3 % de THC (substance psychoactive responsable de la dépendance, présente dans le cannabis).

Les enjeux sont énormes tant la demande est forte. Depuis la découverte du CBD, molécule non psychoactive du chanvre et utilisée pour ses vertus thérapeutiques, les commandes de produits à base de cannabidiol ne cessent de croître. Boissons au CBD, e-liquide à vapoter, crèmes, gélules ou huiles, les commerces fleurissent tout à tour sur le web et dans nos rues avec la promesse d’un meilleur état de santé physique et mental (réduction du stress et de l’anxiété, amélioration du sommeil, soulagement des douleurs, etc).

La déception du milieu agricole face à l’arrêté du 30 décembre

Si l’arrêté du 30 décembre vise à élargir les possibilités d’exploitation du chanvre, le gouvernement a bien du mal à étendre la loi sur une plante jusqu’alors uniquement considérée pour son potentiel psychoactif. Le texte, abrogeant l’arrêté précédent, datant du 22 août 1990, implique :

  • L’autorisation de la culture, de l’importation, de l’exportation et l’utilisation commerciale des seules variétés de Cannabis sativa L, dont la teneur en THC n’excède pas 0,3 %. Par ailleurs, les espèces cultivées doivent être inscrites au catalogue officiel des variétés de plantes cultivées sur le territoire français.
  • La culture des fleurs et feuilles de chanvre n’est autorisée que pour les agriculteurs actifs et respectant la réglementation UE. Elles peuvent être récoltées à titre industriel pour être importées et transformées, mais doivent faire l’objet d’un contrat signé entre le producteur et l’acheteur sur le territoire français.
  • La pratique du bouturage et la vente de plants, de fleurs ou de feuilles bruts restent interdites.

Un arrêté qui ne clôture pas les débats

Tous les acteurs de la filière ne sont pas satisfaits de ce nouvel arrêté. Le président de l’UIVEC (l’union des industriels pour la valorisation des extraits de chanvre), Ludovic Rachou, salue par exemple l’arrêté qui permet d’ouvrir la voie au développement du chanvre sur le sol français en 2022. L’organisation déclare même qu’elle estime le marché du CBD à près de 700 millions d’euros pour cette nouvelle année. Si l’UIVEC déplore la persistance de certains flous juridiques, elle reste néanmoins enthousiaste sur l’avenir de la filière et sa possibilité désormais à se structurer. Reste, selon Ludovic Rachou, à s’aligner sur les européens et anglais qui possèdent aujourd’hui, une législation moins restrictive que la France.

Pour Aurélien Delecroix, syndicat professionnel du chanvre, l’arrêté du 30 décembre n’est pas une très bonne nouvelle. Les fleurs et les feuilles ne peuvent toujours pas être vendues en France, une interdiction qu’il juge radicale et sans nuances. Selon le syndicat, aucune étude sérieuse ne démontre leur dangerosité, il n’y a donc aucune raison pour ne pas les commercialiser. À noter que l’OMS elle-même, a reclassifié depuis le 2 décembre 2020 la plante, ne considérant plus uniquement le cannabis comme une drogue dangereuse. Et ce n’est pas Jean-Baptiste Moreau, fervent défenseur de la culture du chanvre qui dira le contraire. Selon lui, l’arrêté est « largement insuffisant » face à la demande des agriculteurs et des consommateurs. La filière risque de se retrouver bloquée et de ne pas pouvoir déployer le marché du CBD en restreignant ainsi la vente de feuilles et de fleurs.

Les agriculteurs sont plutôt pessimistes sur la question, estimant que l’arrêté du 30 décembre ne les aidera en aucun cas. Pire, certains parlent d’un texte qui vient « enterrer tout projet de filière française ». La situation sera effectivement compliquée pour le milieu agricole qui n’aura alors plus le choix des variétés appliquées en culture et d’effectuer des bouturages. Il y a cependant fort à parier que le chanvre porte à débat pour encore de nombreuses années, rien n’est donc encore perdu pour la filière française.

1 avis sur « Culture du chanvre : zoom sur le nouvel arrêté du 30 décembre »

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